babe, you're not lost
i feel like i've gone crazy

Il ne supportait plus l’hôpital, il ne supportait surtout pas le faire d'y être enfermé alors que sa vie allait suffisamment être courte comme ça. J'ai besoin de prendre l'air, de bouger, de profiter... Juste de me sentir vivre. Il avait fuit l’hôpital comme très souvent en déjouant astucieusement la sécurité de l'hôpital, mais il savait bien que le personnel avait l'habitude de ses fugues et il devrait se résoudre à y retourner, donc de toute façon, personne ne s'inquiétait plus que cela. Il avait marché à l'aveuglette avec la musique, le volume à fond au creux de ses oreilles. C'était sa façon de se détendre, sa manière à lui de sortir de son quotidien. Et quand il arrêtait enfin sa musique, il se rendait compte qu'il ne savait pas où il était et que le temps se couvrait. Il regardait à sa droite, c'était plutôt perdu, et il n'avait jamais vu la route. Il regardait derrière lui, il ne savait pas d'où il venait. Une goutte de pluie tombait juste devant lui alors qu'il allait déterminer où aller. C'est pas le moment de pleuvoir, pas ici, je vais attirer l'attention ! Par réflexe, il se réfugiait sous le préau du centre-commercial.

Le temps c'était rafraîchis et il pleuvait à torrent. Il allait devoir attendre que la pluie passe parce que les lionceau ne se baladent pas encore en liberté dans une ville comme celle-ci. Il soupirait et décidait de s’asseoir par terre. Pourquoi est-ce que je me suis mis dans un pétrin pareil? Seiny le savait: il n'avait aucun sens de l'orientation, aucun moyen de se repérer dans une aussi grande ville. Il ne sort pas non plus souvent, alors forcément, ça n'aide pas. La panique prenait vite part de son corps et il en venait à serrer sa poitrine. Désormais recroquevillé, il se maudissait d'avoir prit l'initiative d'être parti aussi loin. Et bien sûr, plus de batterie sur son téléphone. Il pensait demander à quelqu'un, en espérant que la pluie ne dure pas trop longtemps. Et alors qu'il sentait une toute petite larme sur ses joues, il relevait la tête et un chien était là, à le fixer. " Qu'est-ce que tu fais là, toi... Tu vas aussi te moquer de moi? ", disait-il en essuyant vulgairement sa joue, reniflant pour ne rien laisser paraître. Il tendait cependant une main vers le chien pour caresser sa tête.

i'll be your light in the dark.
why are you so sad?

ℒa pluie s'était mise à tomber d'un seul jet, comme si les nuages s'étaient mis d'accord pour pleurer au même instant, et Kangjun ne s'y attendait pas. Le sort s'acharnait définitivement contre lui. À ce moment, il marchait près du centre commercial. Il avait fait du shopping et s'était ensuite décidé à faire un petit tour autour de la zone commerciale, pour se dégourdir les jambes et aussi parce qu'il n'avait rien à faire et personne à voir. Rentrer aussi tôt était hors de question.
Il ne s'était pas formalisé des nuages gris qui trônaient dans le ciel. Le matin-même, il avait regardé le bulletin météo qui avait seulement prévu des nuages, pas de pluie. Naïf, Kangjun les avait cru. Il n'avait pas pris de parapluie et avait pris le gris foncé des nuages à la légère. Honteuse bêtise que de penser que Dame Nature n'est pas imprévisible. Kangjun payait sa naïveté. Il était maintenant transformé en chien, et ses habits et sacs se retrouvaient au sol, trempés par la pluie. Kangjun avait toujours adoré les vêtements, si bien qu'il ne pestait pas contre sa transformation mais s'indignait et s'insultait mentalement d'avoir été assez idiot pour laisser ses vêtements se faire tremper comme ça. Il avait réussi à tirer ses vêtements et sacs sous un banc, bien que la perspective de devoir les mordre pour les glisser sous le banc le dégoutait.
Il devait à présent chercher une source d'eau chaude, mais où? Il ne savait pas où chercher, ni par quoi commencer. Il s'était mis à trottiner à petites foulées dans les grandes allées fleuries de la zone commerciale. Il entendait des gens se plaindre de la pluie, les voyait courir en se protégeant de leur sac ou encore d'un journal. Il les maudissait de se plaindre alors que lui ne devait pas seulement supporter l'humidité, mais aussi une métamorphose absolument ridicule.
Un Jack Russell! Et pourquoi pas un Chihuahua? Pourquoi pas un Yorkshire? Il trouvait ça absolument ridicule. Même si la malédiction était une malchance en soit, le fait de se retrouver sous la forme d'un Jack Russell aggravait la situation bien plus que nécessaire.

Une silhouette sous le porche du centre commercial attira son attention. Un garçon était accroupi, recroquevillé et il ne fallait pas être clairvoyant pour voir qu'il allait mal. Chien ou pas, Kangjun détestait voir les gens aller mal et la seule pensée qui lui vint à l'esprit est qu'il voulait soulager ce garçon, le consoler. Dans cette situation, être un Jack Russell pouvait être un vrai avantage et Kangjun en était bien conscient. Un chien aussi mignon ne pouvait que mettre de bonne humeur. Il s'approcha à pas de velours du garçon et s'immobilisa quand l'humain releva la tête vers lui.
Si Kangjun était sous sa forme humaine, le garçon aurait pu sans doute lire dans ses yeux toute l'affection qu'il éprouvait pour lui à cet instant. Le garçon avait l'air totalement perdu. Et affreusement triste. Si Kangjun était encore un humain, alors sans doute que son cœur se serait arrêté, sans doute que sa gorge se serait nouée, et sans doute qu'une douce chaleur se serait installée dans son ventre. Il avait eu le coup de foudre pour le garçon perdu et fragile qu'il avait devant les yeux. Il avait envie de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout s'arrangerait, qu'il allait l'aider. Il avait vraiment envie de le protéger.
Le garçon tendit la main vers lui, et Kangjun s'approcha à pas feutrés de lui, avant de toucher la main du garçon du bout de la truffe. Il lécha ensuite la main, espérant ainsi le faire sourire.
La situation était assez étrange pour Kangjun. C'était la première fois qu'il prenait contact ainsi avec un humain alors qu'il était sous cette forme, et se voir lécher la main de quelqu'un était une vision des plus étranges. Mais il agissait vraiment par instinct, et il n'avait pas vraiment besoin de réfléchir. Il le laissa caresser sa tête, et se senti à nouveau défaillir en entendant le garçon renifler. Quelle vision douloureuse pour Kangjun qui détestait tant voir les autres tristes.
S'il avait pu parler à ce moment, il lui aurait sans doute dit qu'il n'allait pas se moquer. Il lui aurait dit qu'il n'avait plus besoin de pleurer parce qu'il s'occuperait de lui. Il lui aurait dit tant de choses, s'il en avait eu la possibilité et s'il en avait eu le courage.

★

Doucement, il caressait la tête du petit chien, reniflant une seconde fois. Sans le lâcher du regard, Seiny se mordait la lèvre inférieure quand il sentait que ses yeux s'embuaient pour de bon et qu'il allait se mettre à pleurer pour de vrai. La langue du chien était chaude et sans pouvoir expliquer comment, il savait que c'était pour le réconforter qu'il faisait ça. Je dois me retenir, même si ce n'est qu'un chien, je suis sûr qu'il va se moquer de moi. Plus difficile qu'à faire, l'animal le regardait avec des yeux brillants, et son air inquiet se voyait clairement. Le jeune homme se demandait ce qui avait poussé le chien à s'arrêter, est-ce qu'il pouvait ressentir son mal être? Et puis zut, ce n'était qu'un animal et il n'avait pas le sens de la parole... Tant pis s'il se moque, j'en peux plus... Il craquait littéralement en sanglot, posant le dos de sa main contre sa joue pour tenter de les essuyer le plus vite possible... Mais il échouait bien vite, ses grosses larmes coulant bien plus vite contre ses joues qu'il ne l'aurait imaginé. Finalement, il serrait les dents pour se faire violence pour regarder le chien et caresser à nouveau sa tête plus maladroitement, ses doigts tremblant. " Ddongja... Je peux t'appeler Ddongja? S'il te plaît, ne te moque pas... ", disait-il à moitié coupé par les sanglots.

Le plus doucement du monde, il attrapait le petit chien pour le poser sur ses genoux. Il passait ses bras autour de son encolure et il enfouissait son nez contre l'arrière de son oreille. Ce chien sentait étrangement bon, si on oubliait l'odeur du poil humide, il avait un fin parfum au niveau du coup alors Seiny en concluait qu'il ne pouvait pas être un chien des rues. Peut-être qu'on l'avait égaré? En tout cas, ce parfum me rassure, je n'ai plus envie de le lâcher... Il ne le serrait pas trop fort mais il continuait de pleurer contre lui. " Tu t'es perdu aussi Ddongja? Tu sais... Moi je me suis perdu parce que... Parce que je suis stupide. Je ne peux pas aller sous la pluie... Alors reste avec moi... Je t'aiderais à retrouver ton maître... Je te le promet... Ddongja... ", disait-il le coeur battant presque trop fort, en continuant de pleurer un peu, s'apaisant de son poids de cette manière. Il caressait par réflexe le dos du chien sans dire un mot de plus. Il se calmait progressivement et en venait à essuyer ses joues doucement, le souffle se coupant encore un peu après avoir pleuré aussi fortement. Il avait comme l'impression que quelqu'un, même un animal, pouvait le comprendre et cela lui faisait le plus de bien. Merci, Ddongja...

ℒe garçon allait vraiment mal. Il semblait, dans un premier temps, essayer de se retenir de pleurer mais il ne pu bien longtemps, et rapidement de grosses larmes dévalaient le long de ses joues.  Cette vue brisait le cœur de Kangjun qui se retrouvait impuissant à cette vision. D'abord parce qu'il perdait toujours ses moyens devant les larmes de quelqu'un, et parce qu'en tant que chien il n'y a pas grand chose qu'il pouvait faire. La vision était d'autant plus douloureuse que le garçon était vraiment beau. La mélancolie du moment lui allait bien. En le regardant, Kangjun ne pu s'empêcher de penser que le garçon semblait tout droit sorti d'un drama ou d'un manwha. Un beau garçon qui sourit toujours devant ses amis, et qui profite d'être seul un jour de pluie pour se laisser aller.
Le garçon avait répété plusieurs fois de ne pas se moquer. Mais comment pourrait-on se moquer de quelqu'un qui pleure? Kangjun ne pouvait même pas s'imaginer faire ça. Est-ce que le garçon s'était fait embêté par ses amis quand il pleurait? Cela expliquerait pourquoi il se cachait pour pleurer. Par moment, Kangjun détestait les hommes. Ils ont beau dire que les animaux sont sauvages et les hommes civilisés, Kangjun ne voyait pas en quoi la moquerie pouvait être civilisée, et Dieu sait que les hommes aiment se moquer. Par jalousie, par complexe d'infériorité, par fermeture d'esprit.

Dans tous les cas, le maintenant dénommé Ddongja se sentait désemparé. Et il fut presque content quand le garçon le prit dans ses bras. Il voulait le consoler ne serait-ce qu'un peu, alors si son frêle petit corps pouvait lui servir de peluche il était content. Il se sentait utile, et ça le satisfaisait.
Le garçon était donc perdu. Comment tu peux te perdre ici?, pensa Kangjun, presque amusé. Le garçon ne devait pas être du coin, ou ne devait pas souvent venir au centre commercial. Pourtant c'était un très bon centre commercial, et Kangjun se promit que s'il croisait le garçon sous sa forme humaine, il lui conseillerait cet endroit. En attendant, il était bien embêté et bien frustré de ne pas pouvoir parler et le prendre dans ses bras. Et un détail retint son attention. Il venait d'avouer ne pas pouvoir aller sous la pluie. Étaient-ils semblables? Cette perspective rendait le jeune homme encore plus attrayant.

Ils n'avaient passé que quelques minutes ensemble, mais Kangjun avait l'impression de tout connaître déjà du garçon. Il était perdu, il n'aimait pas montrer ses émotions, il avait sans doute peur du regard des autres, il était désemparé, il se sentait sans doute très seul pour en venir à se confier à un chien. Mais il avait l'air aussi gentil, doux, aimant, et tellement fragile. Kangjun avait remarqué que sa présence avait apaisé le garçon mais il était pas encore satisfait. Il voulait le voir sourire.
C'est pour cela qui sauta par terre et se mit à courir autour du garçon en aboyant, avant de s'allonger sur le dos pour qu'il lui caresse le ventre. Kangjun était tellement gêné de devoir faire ça. Quand il s'imaginait, il n'arrivait pas à se voir en chien mais bel et bien en humain, et s'imaginer allonger sur le dos en se faisant caresser le ventre par un autre humain n'avait rien de très gratifiant.

★

Il s'était lâché, il se laissait aller complètement, les larmes qu'il retenait depuis plus d'un an coulaient enfin contre les poils du chien. Pardon de t'utiliser Ddongja, mais tu es la seule épaule pour recueillir mes larmes, je ne fais plus confiance aux autres... Ses émotions pouvaient être mal perçue parfois, mais c'est parce qu'il refoulait toujours tout au plus profond de lui-même. Il ne pleurait pas uniquement parce qu'il s'était perdu, c'était la panique qui l'avait fait craquer subitement, mais il était déjà à bout de nerfs ces derniers temps. Que ce soit entre ce pouvoir dont il ne voulait pas vraiment, la violence et la faillite de son père et cette maladie qui le tuait petit à petit, rien n'allait. Il n'en pouvait plus, c'était trop à gérer pour un garçon de son âge. Même si ce n'est qu'un chien, même si ce n'est qu'une fois, j'ai le droit de pleurer... On se moquait souvent de lui, mais il ne savait pas à quel point il pouvait être beau quand il pleurait. Ça prouvait que lui aussi était humain, et que par dessus tout qu'il avait des sentiments et qu'il était aussi sensible que n'importe qui d'autre.

À peine était-il plus ou moins calmé que le chien sautait de ses bras avant de tourner en rond. Il arrachait un petit sourire au jeune homme qui s'essuyait encore les joues en reniflant. " Ddongja, calmes-toi! ", riait-il en lui montrant de ne pas aboyer en posant un doigt contre ses douces lèvres. Il regardait le chien se traîner par terre en remuant de la queue, il voulait des caresses sur le ventre. Un petit sourire sur le visage, il caressait doucement le chien pendant quelques minutes avant de se relever. Il levait ensuite la tête vers le ciel, toujours en train de pleuvoir. Je ferais bien de lui acheter une récompense pour le remercier, ce petit chien... Il regardait sa montre pour vérifier qu'il n'était pas trop tard et il attrapait son sac à dos. " Attends-moi ici, Ddongja! Je vais t'acheter quelque chose, tu dois avoir faim et moi aussi. Je reviens, tu ne bouges pas, nae? ", disait-il au chien en venant lui tapoter la tête. Il entrait ensuite dans le centre commercial pour aller vers les rayons de nourriture. Il avait un peu d'argent sur lui pour se payer de quoi manger et boire, il achèterais un petit os à mordiller pour le chien.

ℐl avait réussi à faire rire le garçon. Il avait encore l'air un peu perdu, mais le coin de ses lèvres s'étaient courbés en un sourire absolument adorable. Kangjun remarqua d'ailleurs que le sourire de Seiny sortait de l'ordinaire. Il n'avait jamais vu un sourire pareil, mais ça ne faisait que renforcer l'attirance et la fascination qu'il éprouvait pour le jeune garçon. Il commençait d'ailleurs à en avoir de l'appeler "le garçon", "il", "lui" dans sa tête. Il voulait maintenant donner un nom à ce joli visage, et il se sentit davantage frustré d'être toujours sous la forme d'un chien. Mais le doux regard et le doux sourire du garçon lui firent rapidement oublier sa frustration. Après tout, s'il n'avait pas été un chien, il n'aurait sûrement pas réussi à lier un tel lien avec le garçon. Kangjun se surprit à penser qu'être un chien, finalement, ça n'avait rien d'une mauvaise chose. En réalité, ça avait un certain côté amusant. Peut-être qu'il devrait profiter de ça. Pas qu'avec ce garçon, mais de profiter d'être un chien pour faire des choses qu'il ne faisait pas en tant qu'humain. Bien qu'à vrai dire, même en réfléchissant il ne voyait pas comment il pouvait exploiter cette force. Mais Kangjun étant quelqu'un de créatif, il ne doutait pas qu'il finirai par trouver.

Kangjun se surprenait même à aimer le caresses, et il ferma les yeux un instant pour se prélasser. Quand il était humain, il n'avait pas le droit à de câlins ou de bisous, et le stresse des études et de son travail avaient tendance à le fatiguer physiquement. Il se mit alors à penser qu'il aimerait bien qu'on le touche comme ça même une fois humain. Même si ce serait sans doute un peu étrange.
La voix du garçon lui fit ouvrir les yeux. Le garçon avait vraiment une très jolie voix, plus grave que ce que laissait supposer son physique. Kangjun se releva en regardant le garçon, penchant la tête vers le côté en le regardant, avant de s'asseoir pour attendre patiemment. C'est vrai qu'il commençait à avoir faim, et un petit casse croûte ne lui ferait pas de mal. Il espérait simplement qu'il aimerait la nourriture pour chien, après tout c'était la première fois qu'il en goûterait. Ou peut-être le garçon achèterait-il du poulet. Oui, du poulet, ce serait parfait. Dommage qu'il ne pouvait pas parler et ne pas lui demander de lui ramener du poulet.
Il se retrouva seul sous le préau du centre commercial et s'ennuya bien rapidement. Il n'y avait rien à faire, et personne dans les environs. Il s'allongea et posa ses pattes sur son nez dont le bout commençait à être froid. Il s'imagina quelques instants s'enfuir en courant pour chercher un endroit où se transformer en humain, mais la perspective de devoir se séparer du garçon ne l'enchantait pas du tout. Il avait envie d'apprendre à le connaître encore, et de passer encore du temps avec lui. Mais il savait qu'il faudrait se transformer en humain et rentrer chez lui à un moment ou à un autre, et cette perspective le rendait déjà triste.

★

Il abandonnait le chien quelques instant, espérant que celui-ci n'allait pas partir. Seiny avait pensé le prendre avec lui, mais les animaux sont interdit dans les lieux de ce type... Il marchait alors assez rapidement pour ne pas perdre trop de temps, se perdant à moitié dans les rayons du centre-commercial, cherchant tout d'abord une boisson puisque c'était là qu'il arrivait au départ: pas le temps de réfléchir, il prenait une bouteille d'eau pour le chien et une petite canette de jus de fruits à la myrtille, sa saveur préférée. Vite, dépêches-toi Seiny. Il s'encourageait mentalement, courant un peu dans les allées alors que cela lui était interdit. Il attrapait quelques trucs à la volée et finalement il courrait jusqu'au rayon pour animaux. Il prenait un peu plus son temps pour choisir la friandise qu'il allait lui offrir. Mais finalement, ses yeux se posèrent sur un joli collier... Il faisait les compte dans sa tête, et malheureusement il n'avait pas assez d'argent... C'était la friandise ou le collier. Il réfléchissait un long moment sur la question. Ce chien n'est à personne, même s'il sentait bon, il n'avait pas de collier... Finalement après une longue réflexion, il avait fait son choix.

Rapidement, il courrait jusqu'au caisses pour payer ce qu'il voulait acheter, espérant au moins que ce premier cadeau pour quelqu'un, ou plutôt pour un chien, allait faire plaisir. Bordel, elle prend tout son temps à papoter... Il eut bien le temps de reprendre son souffle et une fois que son tour était arrivé, il priait la caissière de bien vouloir se dépêcher de faire passer les articles. Il payait alors bien rapidement et il s'enfuyait hors du magasin sans même attendre qu'elle lui donne le ticket. Il sortait hors du centre-commercial en courant et il s'arrêtait à côté du chien essoufflé d'avoir autant couru ; le coeur un peu douloureux, il posait sa main sur sa poitrine et il prenait le temps de se calmer maintenant qu'il était rassuré que le chien était toujours là. " Ddongja ~~ Tu es toujours là... J'ai été long, pardon. ", disait-il au chien, ne se souciant pas vraiment de savoir s'il comprenait vraiment ou non. Il s'était arrêté de pleuvoir dehors et un petit rayon de soleil avait fait son apparition. Tant mieux, je vais pouvoir rentrer... Il se penchait vers l'avant pour caresser la tête du chien à nouveau. " Je t'ai pris un petit cadeau plutôt qu'une friandise, tu m'en veux pas? Je partagerais mon croissant avec toi ! ", disait-il avant de passer le petit collier bleu autour de son cou sans le serrer trop fort. Il avait un médaillon en forme de petit D, comme Ddongja !

ℒe temps commençait à être long. Kangjun avait toujours été quelqu'un de très actif, qui ne tenait pas en place l'espace d'un instant et l'idée de devoir attendre quelqu'un lui était très désagréable. D'autant qu'il était plutôt impatient. Et revoir le garçon le rendait encore plus impatient.
Il était du genre à avoir le coup de foudre pour quelqu'un, mais à s'en lasser aussitôt. Néanmoins avec ce garçon, il avait l'impression que c'était différent. Il y avait quelque chose qui l'attirait, et il n'avait jamais ressenti tant d'intérêt pour quelqu'un. Mais à nouveau, il se rappelait qu'ils allaient devoir se séparer et cette perspective le rendait à nouveau triste.

Il se releva d'un bond en voyant la silhouette du garçon s'approcher. Heureux comme jamais, il aboya et bondit vers le garçon, se mettant debout en s'appuyant sur ses jambes. Tu as mis trop de temps, il se plaint intérieurement alors qu'il regardant le garçon, puis se rassit sur le sol froid. Si Kangjun était encore un humain, il aurait froncé les sourcils puis aurait fait la moue en entendant le garçon. Pas de friandise? Et puis quoi encore? Il était parti pour ça non?
Savoir qu'il avait attendu pour rien le rendait de mauvaise humeur, et puis il s'imaginait déjà un cadeau complètement inutile.
Mais ce n'est pas un cadeau inutile que lui apportait le garçon, non. C'est un collier, en tant qu'humain, Kangjun se sentait affreusement heureux de savoir que le garçon l'aimait assez pour lui passer le collier autour du cou. Qui plus est, le collier était bleu et c'était une de ses couleurs préférées -avec le vert, en fait. Heureux hasard.

Kangjun était heureux comme tout, parce que le garçon l'aimait beaucoup. Mais sa forme canine lui apportait bien trop de frustration. Il aurait aimé sauter de joie, le remercier et le prendre dans ses bras un moment. Mais il ne pouvait pas, il devait se contenter d'aboyer et de remuer la queue. Maigre consolation. Il se mit donc à aboyer et se remit à courir autour du garçon, essayant de lui montrer qu'il était content. Mais il se demandait ce qu'allait faire le garçon avec lui à présent. Et bien que la perspective de devenir le chien du garçon était des plus alléchantes, Kangjun ne pourrait pas rester un chien toute sa vie et de toute façon au moindre bain il se transformerait en homme, nu comme un ver, devant le garçon. Il ne pouvait donc pas être son chien, mais il voulait le revoir. Définitivement.
Et il devait aussi trouver un endroit pour se transformer, parce qu'il préférait tout de même être un humain. Mais se séparer de ce garçon lui déchirait le cœur. Kangjun avait le don de se fourrer dans des situations pas possibles et d'être trop indécis pour prendre une initiative. Il allait donc attendre que le garçon s'en aille, il ne le suivrait pas, et irait se transformer. C'était la meilleure chose à faire.

★

C'était bête à dire, mais il était tellement heureux de retrouver ce chien qu'il n'avait pourtant quitté qu'une douzaine de minutes... Le collier autour du cou, le chien semblait maintenant si mignon, encore plus qu'avant. Il passait ses doigts sur le médaillon autour de son cou et il se jurait qu'un jour, il gravera ce médaillon du nom du chien. Ddongja ! Ddongja ~ Il répétait le nom du chien dans sa tête alors qu'il caressait sa tête, à genoux au sol pour être à sa hauteur. Finalement il attrapait son petit sachet. " Tu veux partager, Ddongja !? C'est un croissant au chocolat, et même si ce n'est pas bon pour toi, je vais t'en donner un peu. ", disait-il en s'asseyant à côté du chien. Seiny coupait alors un petit morceau de son croissant pour le tendre gaiement à l'animal, le secouant un peu au dessus de lui pour qu'il fasse le beau. Je n'ai plus envie de rentrer... Le rire du jeune coréen pouvait désormais résonner sous le préau, alors que plus personne ne semblait vouloir se rendre faire les courses, le soleil faisant surface à ce moment venant embellir un peu plus le visage du coréen de par ses rayons lumineux.

Seiny mangeait calmement son croissant, en donnant parfois au chien jusqu'à ce qu'il n'en veuille plus. Il attrapait alors le petit chien pour le serrer une nouvelle fois dans ses bras. Heureusement que tu étais là, toi. Il fermait une nouvelle fois les yeux pour sentir à nouveau ce parfum masculin, et s'il n'était pas fou, il aurait pu jurer que ce n'était pas l'odeur d'un shampoing pour chien. Un doux soupire d’apaisement venait se perdre dans l'air alors qu'il se redressait, tenant le chien par dessous les pattes supérieures. " Ddongja. Je vais devoir rentrer... Je ne sais pas où je suis, mais tu m'as redonné du courage. Je viendrais te revoir, je te le promet ~ ", disait-il avec une petite voix naïve que lui même ne connaissait pas vraiment. Il réagissait avec ce chien comme avec un véritable humain le ferait avec ses semblables, mais ce n'était pas le cas. Il perdait doucement son sourire. Je ne dois pas me voiler la face, ce n'est qu'un chien, il va m'oublier et... C'est tant mieux. Était-ce parce que l'animal ne pouvait pas le juger? Il sourit un peu et déposait un baiser contre la truffe de l'animal avant de le reposer au sol, s'éloignant un peu. " Ddongja, va. Rentre chez toi... ", disait-il. Sa voix résonnait de regret, mais déjà s'éloignait-il dans une direction au hasard, un peu triste d'avoir abandonné ainsi le petit chien.

Kangjun tourna la tête vers le petit sachet qui contenait le croissant. Il avait très faim, et la perspective d'être nourrit par le garçon l'enthousiasmait. Il avait toujours secrètement rêvé que son petit copain ou sa petite copine lui donne à manger. Dommage qu'il réalise son rêve dans de telles circonstances. Mais Kangjun n'était pas du genre à se plaindre, et il profita du moment. Bien que la situation était un peu embarrassante pour Kangjun, il était le genre de personne qui faisait tout pour faire plaisir aux gens, et il se mit à faire le beau. Il se promit de ne plus croiser personne sous la forme d'un chien, c'était bien trop embarrassant.
Dans tous les cas, le garçon avait retrouvé son sourire et semblait apaisé, ce qui faisait grandement plaisir à Kangjun. Il avait atteint son objectif, et c'était tout ce qui comptait. Malgré tout, son plaisir fut de courte durée puisque le garçon le rappela à la réalité. Kangjun n'avait vraiment, vraiment pas envie de le quitter. Mais il ne pouvait pas faire part de sa tristesse, de son mécontentement, et bientôt la silhouette du garçon disparu à l'horizon.

Se retrouvant maintenant seul, Kangjun n'avait plus qu'une seule chose à faire : reprendre sa forme originelle. Alors qu'il revint au banc où il avait laissé ses affaires, il eu la mauvaise surprise de voir qu'il ne lui restait plus que son boxer et son sac. Le reste de ses vêtements avaient été pillés. Je suis maudit. Un soupire, et le petit chien attrapait le boxer dans sa petite mâchoire pour ensuite chercher les toilettes publiques. Il réussit à se changer en humain grâce au lavabo. Heureusement pour lui, les toilettes étaient vides mais il se retrouvait maintenant en boxer et n'avait aucun autre vêtement. Il avait au moins la chance d'avoir encore son argent et son portable, mais aucun de ses amis ne répondirent à son appel et il du se diriger vers le centre commercial en boxer, sous les yeux choqués des passants et des caissières pour s'acheter de nouveaux vêtements.
S'il avait l'habitude de dire qu'il n'avait honte de rien, cette journée-là allait rester graver dans sa mémoire pour longtemps, il en était sûr.

Une fois sa mission accomplie, il avait l'espoir de retrouver le garçon. Peut-être était-il toujours perdu. Kangjun parti donc à sa recherche, courant dans les allées fleuries, une boule au ventre à l'idée de ne plus revoir le garçon.

★

Il était déjà assez tard dans la journée. Si tard qu'il devait rentrer et abandonner ce petit chien qui lui avait pourtant remonté le moral. Mais Seiny se disait que l'animal ne l'oublierais peut-être pas tout de suite, puisqu'il lui avait fait un petit cadeau. Rapidement, il frissonnait, car plus le temps passait et plus il allait faire nuit et il risquait en plus de faire de plus en plus froid. Ddongja... Il n'avait que l'animal en tête, et c'est en se frottant les mains l'une contre l'autre devant ses lèvres pour souffler son air chaud au creux de ses paumes qu'il se rendait compte qu'il avait le parfum agréable du chien sur les main. Il se retournait une dernière fois, et il ne savait déjà plus d'où il venait. Il optait pour continuer de marcher tout droit, car après tout: tout les chemins mènent à Rome. C'est ainsi qu'il passait par les ruelles commerçantes puis par une place principale avec une fontaine et surtout, beaucoup de touriste. Il profitait d'un banc libre pour se reposer quelques petites minutes, puis ils reprenait sa petite route bien que tout ce qui l'entourait ne le disait absolument rien. Je vais passer par ce parc.

C'était la première fois qu'il allait aussi loin, et c'était aussi la première fois qu'il se promenait dehors la nuit, les lumières des lampadaires venaient de s'allumer et sa petite veste allait bientôt être inutile. Ses petits doigts étaient gelés et ils s'engourdissaient déjà. Après quelques minutes de marcher et en étant cette fois à l'intérieur du très grand parc, il arrivait à un énième carrefour... C'était beaucoup trop de décision primordiale pour une seule journée. J'en ai vraiment marre, j'abandonne... Seiny soupirait bruyamment, regardant autour de lui. Pourquoi était-il si désorienté? Pourquoi était-il incapable de retrouver ce foutu hôpital, pour une fois qu'il voulait y retourner. Et alors qu'il allait se retourner pour faire finalement demi-tour, il se retrouvait nez-à-nez avec un garçon essoufflé. Quelque chose semblait trop commun, c'était comme s'ils se connaissaient déjà, et la sensation étrange qu'il ressentait lorsqu'il croisait le regard du garçon venait accroître ses certitudes. Mais qui est-il? Optant pour la facilité, il faisait mine de rien et il recommençait à marcher en évitant son regard.

℘as de doute possible. C'était bien la silhouette du garçon qu'il pouvait distinguer au loin. Il s'immobilisa, plissant des yeux pour s'assurer une dernière fois que c'était bien la personne qu'il recherchait. Le cœur de Kangjun s'emballa, et il se senti soulagé. Il avait couru pendant un moment qui lui avait paru être une éternité, poursuivi par le doute de ne pas revoir le garçon dont il était tombé amoureux en un regard. Malgré sa respiration haletante, il s'avança vers le garçon. Il ne savait même pas ce qu'il allait lui dire, quelle excuse idiote inventer pour justifier cette approche.
Le garçon fit demi-tour et ils se retrouvèrent soudainement face à face, ce qui fit sursauter Kangjun qui ne s'attendait pas à ça, trop perdu dans sa réflexion. Ils faisaient la même taille, et maintenant que Kangjun était redevenu humain, le garçon lui paraissait encore plus mignon et fragile. Le peu de lumière que leur offraient les lampadaires alentours ajoutait une note de mélancolie au tableau.
Le garçon l'avait vu, et le dévisageait même. Le regard du garçon était étrangement insistant, et presque interrogateur. C'était impossible qu'il le reconnaisse, mais avaient-ils déjà tissés un lien assez fort pour qu'il ai cette impression de l'avoir déjà rencontré? Ça paraissait bien surnaturel. Mais peut-être pas plus surnaturel que ses métamorphoses canines. Kangjun se rendit compte qu'il fixait le garçon depuis déjà de longues secondes, et il fini par s'approcher de lui, avec une hésitation qu'il ne se connaissait pas.
- Hmm, je faisais mon jogging et je t'ai vu, t'as l'air perdu. Il expliqua d'un air détaché, enfouissant ses mains gelées dans les poches de son sweat. Avec le peu d'argent qu'il avait, il n'avait pas pu s'acheter beaucoup de vêtements à vrai dire, et il aurait voulu pouvoir avoir un manteau pour se protéger du froid glacial de la nuit. Et un t-shirt sous son sweat.
Il savait que son excuse ne tenait pas debout - il n'était même pas en tenue adéquate pour faire du sport, mais à vrai dire il se fichait que le garçon le croit. Il voulait simplement le sauver de la mélancolie permanente qui le caractérisait aux yeux de Kangjun.
Mais la présence du garçon le troublait, inexplicablement. Il ne comprenait pas lui-même pourquoi il s'était attaché aussi rapidement au garçon. Et il se retrouvait incapable de penser correctement. Ses pensées se mélangeaient, et son cœur battait tellement fort dans sa poitrine que s'en était douloureux.

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Cette impression de déjà vu était saisissante, il en avait figé sur place et il se contentait de fixer sans réelle aucune gêne dans un premier temps le visage du second garçon. Ses yeux marrons luisaient et c'est dans ceux-là qu'il trouvait quelque chose de semblable, il ne pouvait clairement pas dire quoi, mais la sensation qu'il ressentait était là. Je ne suis pas encore un fou, à ce que je sache! Le reste de son visage paraissait à Seiny comme une évidence, c'est comme s'il savait à quoi il ressemblait sans pourtant le connaître: une petite bouche pulpeuse, un nez fin et tout particulièrement droit, des yeux bridés à souhait avec de petites cernes en dessous qui lui donnait un air de travailleur acharné. Sa courbure de mâchoire était tout autant remarquable, sans parler de son assez long cou. Son corps quand à lui était grand, et proportionné, il avait même pas mal d'atouts. Oui, il le détaillait tout particulièrement en une fraction de seconde, c'était sa capacité principale puisqu'il était un très bon dessinateur, il avait l’œil pour ces choses là.

Alors qu'il comptait partir après s'être rendu compte qu'il avait fixé durant une bonne minute la personne en face de lui et qu'il aurait pu la mettre mal à l'aise, elle le stoppait dans son élan. Il relevait les yeux vers lui, il s'était approché. Sa voix était plutôt apaisante, et son timbre de voix était agréable. Comment est-ce qu'il sait que je suis perdu, au juste? Seiny tirait sur ses manches de nervosité, il avait perdu l'habitude de parler aux inconnus, et la sensation était d'autant plus accentué sur la gêne qu'autre chose. Mais remarque, cela devait se voir à trois kilomètres qu'il était perdu, lui qui tournait en rond dans la ville depuis tout à l'heure. " O-Oui... Je suis perdu. Je cherche l'hôpital. ", disait-il assez intimidé, mais ne laissant pas vraiment paraître quoi que ce soit. Sa voix avait un peu tremblé, mais rien d'anormal.

Kangjun n'était pas du tout mal à l'aise sous le regard du garçon, bien qu'il était bien insistant. Kangjun était du genre à beaucoup regarder les gens. À plonger ses yeux dans les leurs, à tenter d'apprendre leurs traits par cœur. En tout cas, il était physionomiste et il se félicitait intérieurement d'avoir réussi à reconnaître le garçon d'aussi loin. Il avait néanmoins l’œil, et si le garçon pensait qu'il cachait bien sa timidité, Kangjun avait remarqué. D'abord parce qu'il tirait sur ses manches comme un enfant, ensuite parce que sa voix avait tremblée, et aussi parce qu'après tout Kangjun le connaissait. S'il était un inconnu aux yeux du garçon, Kangjun avait vu le garçon quand il s'était confié et avait fait tomber toutes ses défenses devant le chien.
Alors si il y avait cette sorte d'excitation et d'angoisse qu'apportait leur rencontre, Kangjun ressentait aussi une sorte de bien être, de confort.

- L’hôpital? C'est plutôt loin d'ici, comment tu as pu te retrouver ici? Il demanda, les sourcils légèrement froncés. Et une petite ampoule s'alluma dans sa tête. Il se rappelait avoir vu le garçon se serrer le poing contre le cœur plusieurs fois plus tôt, et maintenant il parlait d’hôpital. Son cœur se serra un peu plus à cette pensée, et il se posait maintenant plein de questions. Qu'est-ce qu'il avait? Pourquoi? Comment guérir ça? Pouvait-il être d'une quelconque utilité face à ça? N'était-il pas dangereux pour le garçon d'être dehors aussi longtemps?

La gorge nouée, il se remit à marcher en direction de l'arrêt de bus le plus proche, jetant un coup d’œil au garçon pour lui faire signe de suivre.
- On va prendre le bus, je te paye le ticket. En fait, moi c'est Kangjun. Il lui annonça, impatient d'avoir enfin le nom de celui qui hantait ses pensées depuis quelques heures maintenant.

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On disait que les contraires s'attiraient, et Seiny en faisait l'expérience par lui-même. L'inconnu ne semblait absolument pas gêné alors que lui, il ne savait plus vraiment où se mettre bien qu'il jouait la carte du mec fier et inaccessible en ne montrant pas vraiment - ou du moins en essayant de le cacher plus ou moins maladroitement - ce qu'il ressentait réellement. Je ne comprend pas pourquoi je n'arrive pas à le fuir. En effet, Seiny n'était pas le genre de garçon à parler aux inconnus, et encore moins à les suivre ou à leurs donner des informations personnelles. C'était sorti tout seul, bien malgré lui et il n'avait pas non plus contrôlé ces faits et gestes. Naturellement, il lui faisait confiance, et honnêtement, ne pas comprendre pourquoi lui faisait un peu peur. Peut-être était-ce parce qu'il trouvait son visage rassurant? Ou bien peut-être parce que justement, il n'avait en rien d'effrayant et surtout pas sa carrure plutôt fine et élancée. À le voir, il ne pourrait pas lui faire de mal, alors à quoi bon chercher la peur alors qu'il n'y a aucune raison d'en avoir? Bordel, mais c'est qui ce mec?

Quand même un peu méfiant, il haussait les épaules. Il le suivait à une certaine distance sans dire un mot dans les premières secondes. " J'avais besoin de prendre l'air... J'ai pas regardé où j'allais, et après je me suis perdu parce que je ne connais pas l'endroit. ", disait-il alors qu'il était incapable de mentir. De toute façon, dès que je mens ça se voit comme le ne au milieu de ma figure, alors... Il soupirait un peu agacé de lui-même, s'attendant à ce que son sauveur sans nom se moque de lui. Il ajoutait alors: " Tu peux te moquer, je sais que je suis stupide... ", sur un ton plutôt blasé, habitué, alors qu'il tournait la tête en tirant une moue. Il s'arrêtait une fois à l'arrêt de bus, relevant le visage vers lui. L'inconnu lui disait son nom. Il a vraiment un joli prénom... Pour une raison qu'il ignorait, ses joues s'étaient un peu rosies. " Moi c'est... Seiny. ", disait-il avec une pointe de timidité dans sa voix.

ℒa distance que maintenant le garçon avec lui était frustrante. Cette relation étrange où l'un était un inconnu pour l'autre, et que l'autre connaissait l'un plus que quiconque était frustrante. Kangjun avait toujours été le genre de personne affectueuse, qui déteste voir les gens qu'il aime mal, qui aime qu'on lui témoigne de l'affection, et cette distance était pour lui gênante et presque insultante. Il ne puait pas, après tout. Mais cette distance était aussi attirante. L'homme désire toujours ce qui paraît hors d'attente, et Kangjun voulait briser cette barrière que le garçon mettait entre eux. Il attendait le jour où ils se prendraient dans les bras avec impatience, le jour où il pourrait voir le sourire extraordinaire du garçon sans être sous sa forme canine.

Les sourcils de Kangjun se froncèrent aussitôt que le garçon parla de moqueries. Si Kangjun riait souvent et se moquait beaucoup des gens gentiment, il savait qu'avec le garçon ça n'était pas la solution. Il savait que se moquer de lui le blesserait, et il secoua la tête, avant de jeter un coup d’œil au garçon.
- Me moquer? Non. Je me moque pas parce qu'être quelque part qu'on connait pas la nuit ça fait peur. Il répondit, espérant ainsi diminuer la méfiance du garçon à son égard.
À l'arrêt de bus, il n'y avait qu'eux deux. Pas étonnant, vu l'heure avancée. Les gens étaient soit déjà sortis, soit déjà rentrés, mais peu empruntaient encore les transports en commun.
Il ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d’œil au garçon régulièrement, comme s'il avait peur qu'il disparaisse s'il le quittait des yeux trop longtemps. Et son cœur rata un battement lorsque son regard croisa celui du garçon. Il avait de jolis yeux, sombres. Le genre d'yeux dans lesquels on veut se plonger, s'y noyer et ne plus jamais en sortir. Il lui adressa un de ses grands sourires qui le caractérisait et hoche la tête, avant de lui tendre la main. Tentative de connexion douteuse.
- Enchanté. Tu as pas l'air beaucoup plus jeune que moi, tu as quel âge? Il lui demanda, avant de tourner la tête vers le bruit de moteur qui s'approchait. Le bus arrivait enfin, et il bénissait les Dieux que l’hôpital soit si loin.

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Curieusement, le garçon regardait son homologue qui lui souriait. Ses grandes dans blanches et ses petites crevasses au niveau des joues le rendait angélique et en l'espace de quelques secondes, Seiny avait ressenti comme une vague de chaleur. Il déglutissait, il trouvait ça presque captivant alors il détournait le regard vers le bus qui arrivait. C'est un inconnu, pourquoi est-ce que je réagis comme ça, bon sang! Il devait clairement se ressaisir, mais déjà ses yeux s'étaient posés sur cette main chaleureuse qui se tendait à lui. Rien de bien méchant, mais c'était la première fois que quelqu'un voulait à ce point l'aider. C'était surtout la première fois que Seiny ressentait l'envie de s'évader avec quelqu'un, et il était presque à lui demander de ne pas le ramener à l’hôpital. Quelques secondes s'écoulaient et il fixait cette grande main d'homme, à la fois virile et douce, de grands doigts un peu courbés... Il avait envie de la prendre, oh il en avait terriblement envie. Il se pinçait les lèvres doucement, hésitant.

Finalement, il relevait la tête, un faux sourire sur le visage. " Je n'ai pas l'argent pour prendre le bus... J'ai tout dépensé tout à l'heure... ", disait-il. Il se rappelait alors du petit chien qu'il avait abandonné. Il aurait très bien pu le prendre avec lui, et maintenant il se maudissait et il culpabilisait de ne pas l'avoir emmené. Il rebaissait la tête et il serrait le poing avant de détourner la tête. Ddongja, je suis sûr que tu étais tout autant perdu que moi et j'ai été égoïste... Il reprenait sa marche, en évitant le garçon. Il se rappelait au combien il n'avait pas le droit de s'attacher à qui que ce soit. Le bus s'était arrêté, mais il glissait ses mains dans ses poches et il s'éloignait en traînant les pieds. Il allait trouver cet hôpital de lui-même. " Merci d'avoir voulu m'aider... ", disait-il en se retournant vers le garçon. Cette attirance qu'il avait pour lui, il l'enfouissait au plus profond de lui et même si cela lui serrait le coeur il était déterminé à partir. Il faisait nuit, et c'était effrayant d'être perdu tout seul dans cette grande ville pleine de danger... Mais s'ils restaient ensemble plus longtemps, il savait que ce dénommé Kangjun allait s'attacher à lui...

ℒes sourcils de Kangjun se froncèrent, et les traits de son visage se crispèrent en une moue mécontente. Il voyait l'objet de ses désirs et d'une obsession naissante refuser son aide et s'éloigner et ça le vexait. Mais ça l'inquiétait aussi, parce qu'il savait pertinemment que Seiny avait besoin d'aide. Il savait que s'il refusait son aide alors qu'il en avait besoin, c'est qu'il n'était pas du genre à se reposer sur les gens. Et il comprenait alors pourquoi il s'était confié à un chien comme s'il était le meilleur ami qu'il n'avait jamais eu. Seiny n'arrivait pas à faire confiance, il n'arrivait pas à demander de l'aide, et il voulait être seul. Du moins, il semblait se sentir mal avec les autres humains, quelque chose lui dictait de fuir la présence et l'affection des gens. Et Kangjun, à cette observation, était encore plus décidé que précédemment : Il allait lui montrer qu'on peut prendre appui sur eux, qu'on peut leur demander de l'aide. Il allait lui montrer que la vie seule n'a rien de profitable.

Et pour cette raison même, il n'allait pas le laisser partir aussi facilement. Tant pis s'ils loupaient le bus, un autre repasserait plus tard. Il fit néanmoins un signe au bus, espérant qui les attendrait et trottina jusqu'à lui pour attraper son poignet en le regardant. Il était hors de question qu'il le laisse, parce qu'à la simple pensée de le perdre de vue il sentait son cœur se serrer et son ventre se nouer d'angoisse.
- Je t'ai dit, non? Je te paye le ticket de bus. Il lui déclarait en le regardant, resserrant ses fins doigts autour du poignet frêle de Seiny. Ce serait irresponsable de ma part de te laisser tout seul, perdu et dans la nuit. Il expliqua, comme pour justifier son insistance, alors qu'il laissa ses doigts glisser dans la main de Seiny pour le tirer jusqu'au bus.

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Seiny était bien décidé à ne pas s'attacher à qui que ce soit, il savait que tous ceux qui l'appréciait allaient déjà beaucoup en souffrir comme ça ... Mais plus il s'attacherait à quelqu'un et plus ce sera difficile de l'oublier par la suite. Ne pas laisser d'empreinte dans la neige, c'était ce qu'il tentait toujours de faire, et donc ne pas s'attacher cela l'impliquait beaucoup moins dans une vie sociale, et croyez-moi que ce n'était pas toujours une mince affaire de repousser ceux qui voulaient s'attacher à lui... Il pensait qu'il n'aurait pas de remord s'il venait à mourir, et s'il pouvait choisir: il voudrait que personne ne le pleure et l'oublie comme s'il n'avait jamais été là. Je ne veux pas empêcher qui que ce soit de vivre pleinement sa vie. Il y avait déjà Ash et Min Hwan, c'était déjà suffisant de faire des dégâts à deux personnes qui lui étaient chères... Il ne voulait pas en rajouter d'autres sur le tableau, c'était beaucoup trop dur à supporter pour Seiny.

Il sentait cependant une main chaude lui attraper la sienne alors qu'il tentait, comme à ses habitudes, de s'enfuir le plus rapidement possible. Il sentait ses joues se rosir un peu, bien qu'il ne le désirait pas. Lui payer le bus? Seiny ne comprenait pas pourquoi l'inconnu était aussi insistant avec lui, et surtout pourquoi il désirait l'aider à ce point. Est-ce de la pitié à mon égard? Est-ce que cela se voyait à dix kilomètres qu'il était fragile et perdu? Ses sourcils se fronçaient un peu alors qu'ils retournait vers le bus qui les avaient attendu. Il ne prononçait pas un seul mot jusqu'à ce qu'il puisse s'asseoir sur un des sièges tout au fond du transport en commun, les jambes croisés et le regard plutôt vide fixant la rue et l'abri de bus éclairés tout deux d'un lampadaire. Finalement, il se tournait vers son homologue. " Tu fais ça par pitié, pas vrai? Tu veux pas te moquer, mais t'as pitié d'un garçon comme moi. Si c'est parce que j'ai dis que je venais de l’hôpital... N'y fais pas attention. ", disait-il plus sur un ton blasé, habitué que justificatif.

Kangjun ne s'expliquait pas le comportement de Seiny. Pourquoi était-il si distant, pourquoi refusait-il l'aide des autres? Il mourait d'envie de lui dire "hey, tu te rappelles du chien? c'était moi!", mais il ne pouvait pas pour deux raisons : Tout d'abord parce qu'il espérait continuer à profiter de sa forme canine pour mettre Seiny de bonne humeur, mais aussi et surtout parce que se transformer en chien quand il pleut c'est définitivement étrange et Seiny pourrait prendre peur. Dans tous les cas, il voulait briser la carapace de Seiny, parce qu'il savait que la vie en solitaire ne valait pas la peine d'être vécu. Et que les amis et les proches sont plus qu'importants. Il allait le lui apprendre.
Il fini de payer les tickets, et se tourna vers Seiny pour voir où il s'était installé. Il était parti tout au fond, alors qu'il n'y avait quasiment personne à l'avant du bus. Kangjun le rejoint, et s'affala à côté de lui, les jambes écartées et tendues.

Un silence s'installa. Kangjun ne savait pas tellement quoi dire, il avait cette impression désagréable que Seiny était gêné par sa présence, et il se sentait donc indésirable. De par cette impression désagréable, Kangjun avait l'impression de déranger Seiny, et il ne voulait pas le déranger plus. Il se contentait de lui jeter des coups d’œil discrets, profitant de l'avoir aussi proche de lui pour détailler son joli visage du regard. Seiny fini par se tourner vers lui et entamer la conversation, ce qui fit presque sursauter Kangjun, ne s'attendant pas à ce que Seiny parle : il s'imaginait déjà le trajet entier jusqu'à l’hôpital silencieux. Ce que dit Seiny lui serra le cœur, ses sourcils se froncèrent automatiquement et il se tourna un peu plus vers Seiny, comme pour lui prouver qu'il allait être tout à fait honnête.
- Oui, j'aime aider les gens. Non, j'aime pas voir les gens perdus comme ça. Mais c'est pas de la pitié, déjà j'aurais fait ça pour n'importe qui, hôpital ou pas. Je comptais t'aider jusqu'au bout avant que tu mentionnes l'hôpital. Et puis, ça va sûrement te paraître bizarre, mais.. Il laissa passer un petit silence. Il avait toujours été timide quand il s'agissait de décrire ses sentiments quand il savait qu'ils n'étaient pas réciproques. De plus, avouer un espèce de coup de foudre à quelqu'un qu'on connait depuis dix minutes et à quelqu'un du même sexe est plutôt gênant. Mais quand je t'ai vu je me suis senti tout de suite attaché à toi... Je sais pas. Ça m'est jamais arrivé avant, donc je me dis que tu dois avoir quelque chose de spécial. Il fini par avouer, parlant vite à cause de sa gêne et de sa timidité.

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Les yeux du petit suisse était posés sur ce visage un peu tendu, ses sourcils s'étaient d'ailleurs froncés d'avantages et de manière général, il était beaucoup plus sérieux que d'habitude. Seiny se pinçait les lèvres à son écoute. Dans le fond, il était plutôt soulagé qu'il soit comme les autres, cela voulait forcément dire qu'il n'avait rien de spécial et qu'au final, il se faisait des frayeurs tout seul. Ce genre de garçon ne peut pas s'intéresser à une personne comme moi. Bien que s'il n'avait pas été malade, cela lui aurait fait très plaisir devenir ami avec quelqu'un comme lui, il était persuadé qu'il ferait un excellent ami à quiconque... Mais il prenait malheureusement sa maladie en compte, et plus il était gentil, et plus Seiny culpabiliserait de lui faire du mal dans le futur. Rien qu'à le voir, il était le genre de garçon à s'attacher rapidement et à beaucoup s'investir dans les relations: tout ce que voulait éviter le suisse. Hors de question de lui briser le coeur et de faire couler d'avantage de larmes.

Seiny avait reporté ses yeux sur la vitre et il continuait à fixer par la fenêtre... Et là, ce qu'il avait pensé précédemment s'envolait en partie. Il serrait aussitôt les dents en sentant son coeur se tordre un peu plus. Comment était-ce possible qu'on s'attache à moi alors que je fais tout pour que l'inverse se produise? S'il était trop tard pour échapper aux larmes de Min Hwan et d'Ash, il pouvait empêcher qu'autres ne le regrettent. Il devait absolument éviter que le jeune coréen s'attache d'avantage à lui. " Je suis désolé, mais je n'ai rien de spécial. Je suis un garçon ennuyant qui n'a rien à raconter. Je me suis juste perdu et tu m'aide à retrouver mon chemin. ", disait-il calmement et avec une voix plutôt sèche bien que ses mots était tout ce qu'il y avait de plus normal. Un peu stressé par les événements, il serrait un peu la manche de sa veste avant de la torturer avec ses doigts fins.

À vrai dire, la réaction de Seiny n'était pas celle attendue. Il avait été froid, sec, un ton qui ne laissait pas de place à la négociation -ceci dit Kangjun ne s'en formalisa pas, il était plutôt têtu et il l'avait vu pleuré. Il savait qu'il avait besoin d'aide. Mais le comportement du garçon lui était totalement incompréhensible. Pourquoi est-ce qu'il se murait comme ça dans une cage d'indifférence? Kangjun avait encore les sourcils froncés tandis qu'il réfléchissait au pourquoi du comment. Il mourait d'envie de lui demander ce qui le poussait a être si fermé aux autres. Kangjun était quelqu'un de très affectueux, de très ouvert et il ne pourrait jamais se résoudre à ne pas avoir d'amis. Il se sentirait tellement seul sans eux, et tellement inutile. Toujours cette recherché d'utilité. Il voulait aider les gens, se sentir utile et avoir l'impression d'aider les gens. D'où son attachement si rapide à Seiny.

Il tourna enfin la tête vers Seiny. Ce dernier semblait en plein combat avec lui, il avait l'air d'essaye de se retenir, de se contrôler et Kangjun ne comprenait pas pourquoi. Le garçon lui apportait tant de questions dont Kangjun ne trouvait pas les réponses. Kangjun soupira. Est-ce qu'il avait l'air aussi méchant? Est-ce que Seiny avait une petite amie possessive qui ne voulait pas qu'il voit d'autres personnes? Ou alors est-ce sa maladie qui l'empêchait de se faire des amis? Kangjun ne comprenait pas, il avait vraiment envie de lui demander mais il savait qu'il n'aurait pas de réponse. Il remarqua Seiny triturer la manche de sa veste, et il déposa ses longs doigts contre ceux de Seiny, timidement.
- Hey... Je vais pas te faire de mal, je te demande rien en retour en plus, si ce n'est d'être mon ami. Je m'en fiche si t'es pas intéressant, je m'en fiche si des fois t'as pas envie de me voir ou de me parler. Il tentait à nouveau, toujours aussi têtu.

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Il avait prit l'habitude d'être un garçon froid et distant pour pouvoir empêcher quiconque de s'attacher trop à lui. Et il ne connaissait ce garçon que depuis quelques minutes, même si l'impression de le connaître par coeur était incroyablement présente, il savait parfaitement que se sortir de ce pétrin n'allait pas être une mince affaire. Kangjun était bel et bien le genre de personne à s'attacher rapidement, et à ce qu'il pouvait rapidement en juger, il était aussi le genre de garçon à montrer son attachement et son affection avec une grande facilité. C'est vraiment mauvais pour moi, ça. Si on devait chercher une explication à ce refoulement de sentiments chez Seiny, c'était parce que dans son enfance, les autres avaient eut peur de sa maladie. Bien qu'elle n'était absolument pas transmissible, les rumeurs l'avaient fait souffrir... Et l'idée d'en parler et de recevoir de la pitié de la part des autres gens le répugnait. Mais plus que cela, il refusait d'inquiéter ses proches, et il se disait qu'en mettant une distance, personne ne le regrettera s'il venait à disparaître brusquement. Il voulait que son entourage ne le pleure pas, et qu'il continue de vivre comme ils le souhaitent ; il aurait des remords, même dans l'au-delà de savoir qu'il a rendu quelqu'un pire que mal à cause de lui.

Quand le coréen venait à attraper ses doigts, tout en prononçant des mots qui pouvait plutôt l'agacer un peu plus, il baissait les yeux pour regarder leurs mains ainsi liées. Au fond de lui, il était plutôt touché et il appréciait qu'il lui donne autant d'attention et qu'il se soucie de lui alors qu'il n'est finalement qu'un inconnu... Mais pour Seiny, c'était un problème imposant qu'il allait devoir tenter de gérer, de contrôler pour que celui-ci ne s'attache pas d'avantage et qu'il ne cherche pas à en savoir plus sur lui. " Je... Ecoute, tu es gentil, et tu m'aides à retrouver mon chemin... Mais s'il te plait, arrêtons-nous là. C'est toi qui te brûlera les ailes au final, et je n'ai pas envie d'avoir ça en plus sur la conscience. ", disait-il alors que ses joues se teintaient de rouge. Il avait arrêté de torturé sa veste, parce que mine de rien la main chaude de l'aîné était agréable et apaisante... Mais bien rapidement, il retirait ses doigts et il tournait la tête vers la fenêtre, le bus s'arrêtait à un premier arrêt et une demoiselle entrait dans le bus, s'asseyant tout à l'avant de celui-ci. Dehors, le vent semblait souffler à nouveau, et Seiny n'avait plus qu'à espérer qu'il n'allait pas se remettre à pleuvoir avant d'être en sécurité dans les locaux de l’hôpital...

Kangjun commençait à se sentir découragé. Il n'allait pas abandonner, ça il en était sûr. Mais il commençait a être à court d'argument, et Seiny ne lâchait pas l'affaire. Ils étaient tous les deux têtus, et Seiny avait visiblement de bonnes raisons de repousser les "avances" de Kangjun. Mais il ne demandait pas grand chose. Il voulait juste être son ami, l'aider, c'est tout. Pas même d'affection en retour. Il ne se doutait évidemment pas que ses sentiments allaient se renforcer et qu'il allait rapidement demander plus. Parce qu'après tout, c'est dans la nature de l'homme de désirer ce qu'on a pas encore. On en veut toujours plus. Et Kangjun, ce naïf, pensait qu'il allait se contenter d'un amour à sens unique.
Les doigts de Seiny étaient tout froids. Kangjun voulait entrelacer leurs doigts et enfouir leurs mains dans la poche de son sweat, mais c'était évidemment impossible à faire, il ne ferait que faire fuir le garçon. Il fini par soupirer. Seiny avait réponse à tout et ça en devenait agaçant. Il tapa du pied contre le mur, comme un enfant qui n'a pas ce qu'il veut, et pinça légèrement ses lèvres en le regardant.
- Et alors? Je te demande pas grand chose, je veux juste être ton ami, ok? Je m'en fiche de me brûler les ailes. Tu sais, si on se limitait aux choses dont on est sûr d'être seulement positives pour nous on ferait plus grand chose. Toutes les personnes à qui tu parles risquent de t'apporter du malheur. J'ai fait du mal à des gens, des gens m'ont fait du mal, c'est pas pour autant que je regrette forcément de les avoir rencontré. Laisse moi une chance. C'était sans doute son dernier argument, et si Seiny refusait encore il ne savait plus quoi faire. Il reposa ses mains sur ses propres cuisses en soupirant à nouveau, tournant la tête vers la vitre à l'opposé. Il détestait qu'on lui refuse quelque chose, et encore plus quand ce quelque chose était la personne pour qui il avait eu un coup de foudre.

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Un soupire lassé passait la barrière de ses lèvre. Seiny ne comprenait pas ce qu'il pouvait avoir de si intéressant pour ce garçon, et honnêtement il le poussait dans ses retranchements. Pourquoi est-ce qu'il tenait à ce point à devenir son ami? C'était presque une obsession pour lui, ou quoi? Finalement, et pour une première fois, Seiny baissait les bras face une telle attitude, et honnêtement, il comprenait qu'il ne pourrait sans doute pas l'empêcher d'attiser sa curiosité. Si je lui donne ce qu'il veut, peut-être qu'une fois qu'il aura eut ce qu'il désire, il se lassera et me laissera retomber dans l’inexistence? Il se maudissait intérieurement de s'être enfuit et de s'être perdu si facilement dans la ville. " Fais ce que tu veux, mais je t'interdis de faire une connerie pour moi, peut-importe ce que c'est. ", disait-il alors qu'il savait parfaitement qu'il était un garçon qui montrait peut-être parfois un peu excessivement son attachement.

Un lourd silence s'installait alors entre les deux protagonistes. Le bus reprenait sa course dans les rues d'Incheon, et Seiny regardait les lumières des lampadaires filer dans la nuit. Il se laissait retomber en arrière et il regardait aussi les étoiles dans le ciel... Elle était tellement visibles qu'il savait que cela signifiait que demain il allait sans doute faire très beau. Ses paupières se fermaient progressivement au fil des minutes. Il était épuisé de toute la marche qu'il avait fait rien que pour se perdre au fin fond de la ville, mais aussi de toute les émotions par lesquelles il était passé. Il s'endormait doucement. Je peux bien me reposer un peu, juste quelques instant, quelques minutes... L'arrêt final ne doit pas être encore très loin... Les yeux clos, et les lèvres très légèrement entrouvertes, il s'était endormi contre la fenêtre. Dans un tournant, son corps retombait lentement contre celui de son voisin et sa tête tombait contre son épaule. Le sommeil imperturbable, le bus s'arrêtait une nouvelle fois pour laisser descendre la passagère monté précédemment dans le bus. Ils étaient à nouveau seuls.