Nouvellement écrivain, Chang Cassidy n’avait annoncé la nouvelle qu’à son meilleur ami et confident, à sa douce moitié, Andrew. Il était le seul à connaître toute l’histoire qui y était écrite, le monde qui y était décrit et les  personnages qui y évoluaient. Pourquoi n’en avait-il parlé à personne d’autre? C’était bien simple. Ce livre n’était pas destiné à le rendre célèbre, il n’avait pas écrit pour devenir auteur. Ce livre, c’était sa déclaration de guerre à la femme qu’il avait aimée auparavant. Leur relation destructrice et passionnelle s’étant fini abruptement et ayant laissé son cœur dans un terrible état, Cassidy avait mis toutes ses émotions sur papier, décidant de ruiner celle qui l’avait fait souffrir.

Installé dans le salon de sa sœur,  il profitait de chaque gorgée de son café, tout en regardant les nouvelles. Il était venu prendre le petit-déjeuner avec elle, profitant de l’occasion pour lui ramener les contenants vides dans lesquels elle lui avait amené à manger quelques jours plus tôt. Mais elle avait dû partir au travail alors que son cadet venait d’entamer son deuxième café. Au final, elle le laissa seul dans l’appartement avant de partir. Vint le temps où le jeune homme termina finalement son café et se décida à finalement retourner chez lui. Il alla porter la tasse vide dans l’évier avant d’enfiler son manteau de cuir, et d’ouvrir la porte. Et c’est alors que son regard se posa pour la première fois depuis des semaines sur le petit bout de femme qui avait réussi à le détruire un peu plus. « oh. Si ce n’est pas ahn sae jin. Que me vaut le plaisir de votre présence en ces lieux? » évidemment, le tout dit avec ce ton sarcastique et hautain qui lui allait si bien.

« POUR ÊTRE FRANCHE CELA FAIT DES SEMAINES QUE JE SUIS ASSISE SUR CE CANAPÉ EN ESPÉRANT TE VOIR FRANCHIR CETTE PORTE. CELA ETANT FAIT, TU PEUX PARTIR. »

Si ce n’était pas adorable. La voilà qui aboyait contre lui tel un chien devant un nouvel arrivant. Il faudrait qu’elle fasse beaucoup mieux pour ne serait-ce qu’effacer ce sourire narquois sur son visage. Depuis toujours que Cassidy vivait en faisant attention à son image, la poker face était sa spécialité. Toute sa jeunesse, il avait appris à cacher la peine qu’il ressentait chaque fois qu’il voyait sa famille heureuse sans lui. Il avait appris à cacher son affection pour sa sœur ainée, de même que l’espoir qu’il nourrissait de voir son frère finalement accepté sa présence. Alors rester impassible aux paroles de son ancienne amante était relativement facile. Certes, elle avait réussi à toucher son cœur, et de la revoir aussi tôt était difficile pour lui. Il avait envie de la serrer dans ses bras si fort qu’elle se briserait. Il l’aimait presque autant qu’il avait de la rancœur pour la façon dont elle l’avait quitté.

« allons, un peu de patience. D’ici la semaine prochaine, il sera sur toutes les étagères, et tous les magazines en parleront. De mon livre et de toi, ma chère. Et ne t’inquiète pas, une édition spéciale et signée est déjà préparée juste pour toi. »

S’éloignant alors d’elle subtilement, il se dirigea vers la cuisine pour s’y faire couler un nouveau café. Partager le même air que la demoiselle était un appel à la guerre. C’était jouer avec le feu, et étrangement, Cass’ y prenait un plaisir malsain. Il savait qu’il ne l’avait pas oublié, heck il avait écrit un livre sur elle. Mais il ignorait jusqu’à maintenant qu’elle avait encore une place si importante dans son cœur pour qu’il veuille la tourmenter à ce point. « café? »  s’exclama-t-il alors qu’il ouvrait l’armoire où étaient placées les tasses.